mardi 10 mai 2011

On ne peut pas s'aimer à l'arrière d'un taxi

La soirée fut belle, comme toujours.
Elle n'aura pas de suite.
Car, comme toujours bien sûr, la liberté a le goût un peu amer des ruptures.
L'amertume a du charme, en l'occurrence. Le charme sent l'alcool fort, le cuir, l'obscurité, et le charme s'achève demain.
Demain qui est déjà là, car la nuit est très avancée.
Le taxi les emporte, ensembles - et déjà ils sont seuls. Leurs cuisses se touchent, leurs mains se nouent, mais le lien est coupé.
Et pourtant le corps n'a pas encore accepté ce que l'esprit lui dicte, et la mémoire lui revient, entêtante, favorisée par cette nuit, par cette odeur, par la chaleur qui émane de l'autre.
Les mains se promènent et retrouvent un chemin bien connu, plusieurs fois parcouru dans la fièvre et la joie. On pourrait, si l'on voulait...
On veut, bien entendu. On chuchote, on sourit, on aimerait jouer ce dernier jeu, avoir cette crânerie de sale gosse qui fait sa dernière bêtise.
Mais on ne peut pas s'aimer à l'arrière d'un taxi.

Et quand l'autre, arrivé à destination, s'éloigne, grignoté peu à peu, on se dit que c'est mieux. Mais on n'en pense pas moins...

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